Bien-être au travail et intelligence collective

01 juillet 2006

La lettre

Comme tous les mercredis après-midi, Josiane errait dans l'appartement vide de ses parents. Elle n'avait jamais vraiment su s'occuper seule. Pourtant, elle avait beaucoup d'idées. Beaucoup de choses l'intéressaient. Alors, elle commençait une activité, s'y lançait avec frénésie, y prenait du plaisir et puis brusquement et sans raison apparente, elle laissait tout tomber et retrouvait cet état de léthargie et d'apathie qu'elle connaissait bien. Ses parents lui avaient permis de découvrir de nombreuses activités. Et comme elle était curieuse et qu'elle voulait faire plaisir à ses parents, elle s'était adonnée au piano, à la batterie, à la danse, aux claquettes, à la peinture et encore plein d'autres choses. Mais, cette année, année de ses quatorze ans, elle avait enfin résisté aux diverses propositions de ses parents et à cette frénésie de consommation d’activités extra-scolaires. Cela n’avait, certes, pas été facile mais, aujourd’hui, elle était contente d’elle. Enfin contente d’avoir pu dire non et d’avoir fait valoir son point de vue. Elle avait finalement réussi à se faire entendre et à revendiquer le droit à la paresse et au non-désir. D’ailleurs, elle avait été plutôt surprise que son refus ne suscite aucune polémique. Ses parents n’avaient même pas essayé de la convaincre et avaient accepté sa ferme décision avec bienveillance et compréhension. Pourtant, elle fut déçue. Déçue, parce que ses parents ne s’étaient même pas donné la peine d’argumenter, de montrer un minimum de réticence, de résistance, d’intérêt quoi ! Elle avait eu l’impression qu’ils s’en foutaient royalement. Des activités et d’elle, aussi. En fait, elle pensait que cette offre pléthorique et indécente d’activités leur servait surtout à se donner bonne conscience dans l’éducation bourgeoise qu’ils lui prodiguaient.

Josiane avait beaucoup de mal à s’occuper toute seule. Elle voulait faire trop de choses et ne savait jamais par quoi commencer. Lorsqu’elle s’installait avec un livre, elle s’en lassait très vite et les yeux dans le vague, son esprit fuyait dans des questions métaphysiques : après tout à quoi tout ça rimait-il ?

Comme tous les mercredis, elle avait fait une grasse matinée. Ses parents étaient déjà partis travailler. Elle s’était levée péniblement vers 10 heures et déjà, l’angoisse de savoir comment elle allait occuper sa journée lui serrait le ventre. En traînant la patte, elle avait préparé son thé, ses tartines puis s’était affalée sur le canapé en cuir du salon, devant la télévision. Elle trouvait ces émissions pour enfants stupides. Elles ne répondaient en rien à ses inquiétudes d’adolescente. Cependant, elle prenait plaisir à se laisser aller et ronchonnait intérieurement face à la médiocrité des programmes pour la jeunesse. De toute façon, elle avait des devoirs et ce temps passé à se mettre en route, lui permettait de différer de quelques minutes le moment où il lui faudrait s’installer à son bureau pour apprendre la dernière leçon de mathématiques, colorier la carte de l’Afrique et surtout commencer cette maudite rédaction qui ne l’inspirait en rien : « sujet libre » avait dit la prof.
L’exercice de composition française était toujours une sinécure pour elle. Le sujet proposé lui paraissait toujours contraignant mais alors là, sujet libre, c’était finalement le pire sujet qui soit. Tout était possible. Mais de quoi diable pourrait-elle parler ? Elle en voulait à la prof mais plus encore, elle s’en voulait à elle-même de n’être jamais vraiment satisfaite. Elle rapporta son plateau dans la cuisine et se dirigea dans la salle de bain. Là, face au miroir, elle se consacra à l’examen physique hebdomadaire. Décidément, elle ne s’aimait pas. Trop grosse, trop formée. Il est vrai qu’elle avait commencé très tôt à ressembler à un petit bout de femme. Poitrine, pilosité pubienne et sous les aisselles. Les garçons ne la regardaient même pas. Ou peut-être était-ce elle qui ne les regardaient pas. Elle en avait peur. Ils lui étaient inconnus. Pourtant, il y en avait un ou deux qu’elle avait remarqué dans sa classe. Alors, elle se racontait ses propres histoires. Elle s’inventait une rencontre possible, un échange de baiser, c’était certes peu et pour elle, c’était déjà le bonheur ! Trouver un prince charmant, fonder une famille et avoir des enfants comme ses parents. Tout cela occupait largement ses pensées. Elle aspirait à un couple fusionnel, sans dispute et en parfaite harmonie. Voilà ce à quoi elle rêvait secrètement. Mais comment faire pour y arriver ? Ca, elle n’en savait rien. Bien sûr, elle avait le temps, elle était jeune. Pourtant, elle était pressée, très pressée et voulait tout tout de suite. Elle n’était pas aveugle. Elle voyait bien que quelques filles de sa classe avaient du succès auprès des garçons. Il y en a même qui sortaient déjà avec certains. Elle l’avait remarqué, ça, aux boums. Elle voyait bien qui dansait avec qui pendant les slows. Ca lui était toujours difficile ces moments d’intimité. Elle avait très envie qu’on l’invite et en même temps, elle les redoutait. Elle allait se cacher dans les toilettes ou bien discutait dans un coin avec quelques copines triées sur le volet et feignait l’ignorance. Heureusement qu’elle adorait danser. Ca lui permettait de se dire qu’au moins elle n’avait pas complètement perdu son après-midi. Et puis danser, ça fait fondre ! Décidément, elle y revenait toujours à ce corps. Il lui semblait étranger, irréel. Elle n’en voulait plus. Alors, après une bonne douche revigorante, elle allait chercher des vêtements, les plus larges possible, pour mieux s’y blottir et s’y cacher et ainsi tenter d’oublier ce malaise. Oublier. Elle en avait des ressources, Josiane. La compensation, ça la connaissait. D’autant que ses parents l’y avait bien aidé. Elle compensait sa surcharge pondérale par un surinvestissement intellectuel. Enfin, entendons-nous, elle était loin d’être un génie mais elle visait la perfection. Elle travaillait bien à l’école. Les professeurs saluaient de concert son sérieux et sa capacité de travail. Elle incarnait le rêve de tout enseignant, l’élève parfaite qu’on n’ose imaginer avoir un jour dans sa classe. Elle aimait être appréciée pour son travail. Au moins, on lui disait qu’elle était bien, qu’elle valait quelque chose, peut-être même qu’on l’aimait un peu. Elle faisait ça aussi pour ses parents. Lorsqu’elle rapportait fièrement son cahier de notes, elle se sentait enfin légère et contente d’elle-même. Elle attendait tant de reconnaissance. Oh, bien sûr ses parents étaient fiers d’elle. Mais, ils ne le disaient pas. L’expression émotionnelle n’avait jamais franchi le seuil de cette maison. Elle espérait toujours un mot gentil de leur part, un signe d’affection. Plus précisément, ce qu’elle attendait d’eux c’était d’être reconnue dans son corps, pas d’être reconnue seulement pour ses résultats scolaires. Pourtant, elle avait le sentiment de faire ce qu’il faut, d’être une gentille petite fille qui ne donne pas de souci. Sage à l’école, sage à la maison. Discrète. Peut-être pour ne pas envahir le couple parental. Elle n’y voyait d’ailleurs pas de véritable place pour elle. Ils ne faisaient qu’un à eux deux. Avec elle, cela aurait été très certainement bancal. C’est pourquoi, elle avait décidé de se construire son monde personnel où tout serait beau, sucré, rose bonbon. L’amour y règnerait en maître. Il n’y aurait plus d’hypocrisie. Lorsqu’elle émergeait de ses rêveries intérieures, la matinée était largement entamée. Son emploi du temps soigneusement préparé prenait alors un coup dans l’aile. Il lui fallait désormais s’activer pour rattraper le temps perdu : faire la vaisselle du petit déjeuner, ouvrir ses cahiers et s’atteler enfin aux devoirs. Elle commençait toujours par ce qui lui était le plus facile et le plus agréable, histoire de se mettre en jambe : la géographie. C’était loin d’être sa matière préférée. Par contre, colorier les cartes l’amusait tout particulièrement. Elle s’appliquait à remplir de couleurs, l’Afrique. Elle prenait plaisir à choisir de jolies couleurs, à les marier avec harmonie. Son but était avant tout esthétique et elle était toujours fière du résultat. Mais, finalement, elle en oubliait l’objectif premier de l’exercice, à savoir, connaître les climats présents en Afrique et leur incidence sur la végétation. Après la géo, les maths. La leçon du jour portait sur les équations du second degré à deux inconnues. Pour apprendre son cours, Josiane, le recopiait plusieurs fois sur des feuilles volantes ou sur des fiches. En plus, au cas où il y aurait une interro surprise, ça pourrait lui servir d’anti-sèche. Non pas qu’elle s’en serve vraiment mais ça la rassurait d’avoir ses notes à portée de main. Elle passait ensuite aux exercices d’application habituels. Elle les aimait bien ces exercices. L’algèbre, c’était son truc. C’était abstrait mais en même temps extrêmement logique. Pour résoudre ce type d’équation, il y avait une bonne façon d’opérer qui permettait d’atteindre forcément la bonne solution. De toutes les façons, elle confronterait ses résultats à ceux obtenus par ses copines le lendemain matin avant le cours. C’était absolument nécessaire car elle craignait toujours de se tromper. Il n’était pas rare qu’elle fasse quelques exercices supplémentaires, juste pour s’amuser ou plutôt pour retarder le moment où il faudrait se pencher sur le « sujet libre ». Mais, il n’y avait pas vraiment de souci à se faire. Josiane était comme d’habitude très en avance sur ses devoirs. Elle avait trois semaines devant elle pour trouver des idées. Alors, elle s’octroyait quelques jours de relâche. Elle commença à avoir faim. Elle rangea méticuleusement ses affaires, prépara son sac pour le lendemain et se retrouva dans la cuisine pour le déjeuner. Elle n’aimait pas faire à manger. Il ne fallait pas que ça lui prenne la tête. Ca devait être facile et rapide. Aujourd’hui, elle décida, comme souvent d’ailleurs, de se faire sa mixture du mercredi : jambon blanc hâché, chips pilées et aïoli. Un vrai régal ! Pas facile à digérer mais tellement bon ! Elle partit manger son étrange mélange devant la télé comme d’habitude. Elle aimait bien regarder la petite lucarne et y retrouver ses feuilletons favoris : black beauty, le club des cinq, amicalement vôtre, drôles de dames et super Jamie. Le plus souvent, l’après-midi passait assez vite, l’air de rien. Pourtant, elle avait toujours l’impression amère de n’avoir rien fait de bien. Elle trouvait sa vie bien triste et bien vide. Vers 17h, les émissions pour la jeunesse s’arrêtaient et alors là, c’était le néant. Que pouvait-elle bien faire pour s’occuper ? Elle s’extirpait péniblement du canapé et commençait à sillonner l’appartement en quête d’inspiration. Elle s’asseyait sur le tabouret du piano et jouait les quelques morceaux qu’elle avait appris deux, trois années auparavant : La lettre à Elise, Plaisir d’amour, Sonate au clair de lune et La marche Turque. Ce dernier était assez difficile et ça l’énervait profondément de ne pas y arriver. Elle allait donc voir ailleurs. Elle attrapait quelques BD sur l’étagère. Elle les connaissait par cœur. Elle en choisissait une au hasard. Après en avoir lu une dizaine de pages, elle refermait le livre et les reposait tous sur l’étagère. Lire restait un exercice difficile pour Josiane. Le livre lui paraissait être une entreprise de longue haleine, insurmontable. Un objet sacré, presque inaccessible. Elle craignait toujours de ne pas arriver au bout. Alors, elle préférait ne pas commencer. Ses parents quant à eux, étaient des lecteurs assidus. Ils dévoraient à eux deux, quatre à six livres par semaine. Des ouvrages de toute nature : romans de fiction, romans historiques, fantastiques, biographies, revues scientifiques, … C’en était trop. Trop pour elle. Comment suivre, être à la hauteur. Impossible !
Finalement, elle préférait la musique. Elle allait écouter des disques : Kate Bush, Les Pink Floyd, Jean Ferrat, Maxime Le Forestier, piochés dans la discothèque parentale. Souvent les chansons les plus tristes. Elle chantait à tue-tête, connaissait les paroles par cœur. Elle se lovait dans ces mélodies, éprouvait toutes les douleurs qui y étaient exprimées et pleurait toutes les larmes de son corps. Une heure passait ainsi. Lorsqu’elle émergeait de sa rêverie, de son voyage, elle se retrouvait affalée au creux d’un pouf, vidée.

Ce jour-là, elle avait voulu profiter de ce moment habituellement dévolu à ses aventures musicales pour « fouiner » dans la penderie de sa mère. Elle prenait un grand plaisir à essayer toutes sortes de vêtements : pulls, robes, chaussures, sous-vêtements. Elle empruntait du maquillage et jouait à la dame. Elle s’inventait une autre vie et oubliait pendant quelques instants sa condition, insatisfaisante pour elle, de jeune fille pas encore tout à fait femme. Il était presque 18 heures et il ne lui restait que peu de temps pour elle avant que sa mère ne rentre. Elle aimait bien se déguiser mais il est vrai que les jupes, les chaussures à talons et le maquillage, lui paraissaient trop superflus et artificiels. Un vêtement devait être d’abord et avant tout, fonctionnel. Alors qu’elle replaçait les habits de sa mère dans le placard, son œil fut attiré par les costumes de son père. Sa curiosité et son goût pour le déguisement qui remontaient à l’enfance, l’amenèrent tout naturellement, à enfiler les attributs du sexe fort. Elle décrocha au hasard un costume de velours marron. Elle enfila tout d’abord le pantalon dans lequel elle flottait largement. Elle déplia une chemise blanche et s’empara d’une cravate assortie au costume. Tout était bien trop ample mais quel dépaysement que de se retrouver dans la peau d’un autre. Il ne restait plus qu’à passer la veste et le tour était joué. Elle se trouvait plutôt jolie dans cet accoutrement et s’amusait à parler d’une voix grave pour imiter son père. Elle glissa ses mains dans les poches et sortit de sa main gauche un mouchoir tout chiffonné qui aurait dû voyager en direction de la machine à laver. La poche de droite était, elle aussi, fourrée : deux tickets de cinéma pour l’homme blessé de Patrice Chéreau. Décidément, cette veste regorgeait de trésors insoupçonnés ou plutôt de vestiges des semaines passées. Encouragée par ces trouvailles, elle entreprit une inspection des poches intérieures de la veste. Son excitation était mêlée à un sentiment de culpabilité. Elle avait l’intime conviction de faire quelque chose de défendu. Pourtant, ses gestes se faisaient toujours plus précis et plus rapides. Rien ne pouvait désormais l’empêcher de poursuivre sa quête.
Et si quelqu’un la surprenait ?
Inquiète, elle jeta un coup d’œil furtif autour d’elle pour s’assurer que les voisins ne pouvaient pas la voir. Rien à l’horizon ! Par acquis de conscience, elle rangea le pantalon, la chemise et la cravate et partit se réfugier dans sa chambre. Elle retira la veste et s’assit sur son lit. Les deux poches intérieures gauches étaient désespérément vides. Par contre, la poche intérieure droite contenait une enveloppe. Celle-ci n’était pas cachetée et semblait pleine. Son cœur se mit à battre, à battre de plus en plus vite. Son oreille était à l’affût du moindre bruit. Elle serrait l’enveloppe dans ses deux mains et hésitait à assouvir son désir profond de l’ouvrir. Il se livrait en elle un combat sans merci entre la sage Josiane emprunte de morale qui lui intimait l’ordre de tout remettre en place et la Josiane curieuse qui souhaitait pousser jusqu’au bout le geste amorcé. Après quelques secondes de tergiversations intérieures, elle se décida à ouvrir l’enveloppe. Elle reconnut immédiatement l’écriture de son père. Dans le même temps, elle ne comprenait pas comment cette missive avait bien pu se trouver là. Elle fut impressionnée par le nombre de feuilles : SIX. Six feuilles noircies recto-verso. Elle commença à parcourir la lettre et comprit assez vite qu’elle était adressée à sa mère. Elle lut en diagonale la première feuille, très vite comme pour y découvrir un secret. Elle n’en retint que quelques mots glanés çà et là : pas heureux - piège - plus possible - réfléchir - liberté - désir - partir. Plus elle avançait dans sa lecture, plus son esprit se brouillait. Elle se demanda si cette lettre était bien l’œuvre de son père. La signature à la fin le confirmait malheureusement. Elle percevait un nœud au creux de son ventre, une angoisse sourde. Ses yeux se remplissaient de larmes et elle n’arrivait même plus à lire. Elle se leva pour prendre un mouchoir en papier, se moucha et s’essuya les yeux. Elle avait du mal à lire, du mal à comprendre. Alors, elle décida de reprendre la lettre depuis le début et de la lire in extenso pour ne pas en perdre une miette. Rien n’était vraiment très clair dans cette lettre. Son père disait qu’il n’était pas heureux, qu’il se sentait pris au piège, qu’il voulait retrouver sa liberté. Il y avait une autre femme. Il se sentait perdu. Evoquait un choix difficile à faire et forcément douloureux. Il parlait aussi de Josiane et se disait démuni depuis l’arrivée des premiers signes de la puberté. Il ne se sentait pas à la hauteur, ne trouvant plus sa place. Josiane se sentit comme paralysée. Elle avait froid et sanglotait. Il parlait de faire le point, de réfléchir, de se séparer au moins pendant un temps. Elle avait peur, très peur. Pourtant, la vérité était là, bien présente. N’importe qui d’autre aurait crié à l’évidence mais elle, ne pouvait s’y résoudre. Cela lui était tout simplement impensable. Ils étaient faits l’un pour l’autre, tels les doigts de la main ; solidaires, même dans l’adversité.
Elle commençait à regretter son geste. Elle s’en voulait terriblement de ne pas pouvoir contenir son avidité à tout connaître, à tout savoir. Elle replia précautionneusement les feuillets et les replaça dans l’enveloppe, l’enveloppe dans la poche de la veste et la veste dans l’armoire.

Depuis lors, chaque nouvelle journée fut un supplice. Elle se levait avec la crainte que son père ne donnât la lettre à sa mère. Chaque jour, elle guettait le moindre signe chez sa mère qui pourrait indiquer qu’elle avait pris connaissance de cette lettre.

Les jours, les mois et les années s’écoulèrent. Josiane commença à présenter des signes d’anxiété bénins au début et qui passèrent inaperçus. Puis, elle se mit à souffrir de crises d’angoisse légères. Leur sévérité grandissante et leur chronicité l’obligèrent à rester chez elle, recluse et cloîtrée. Par la suite, elle n’arrivait même plus à affronter le regard de ses amis, de ses proches. Petit à petit, presque imperceptiblement, Josiane a arrêté de s’alimenter et s’est murée dans le silence comme pour éviter de trahir un secret trop longtemps porté.